A PARIS AUGMENTATION VERTIGINEUSE DES CARTES DE TRANSPORTS POUR LES RETRAITES

, par Alain LEFEBVRE

Après avoir mis fin, en 2012, à la gratuité de la carte Émeraude, La Mairie de Paris relève le prix, pour certaines personnes dans des proportions considérables. Une carte pétition unitaire (CGT/FRG-FP/FO/FSU/Solidaires) réclame le retrait pur et simple d’une décision injuste, parce que frappant une nouvelle fois le pouvoir d’achat déjà malmené de dizaines de milliers de retraités. Dans les faits, il s’agit, pour un nombre important de retraités âgés de plus de 65 ans et demeurant à Paris, d’une augmentation considérable du coût du transport. En outre, rappelons que ce sont les personnes de plus de 65 ans qui sont concernées par ce dispositif. Les autres retraités doivent payer leur carte de transport au prix fort.

Pour l’Union des Retraités FORCE OUVRIERE de Paris, ces mesures sont inacceptables. Nous réclamons le retour à la gratuité.

C’est ce que nous avons déclaré le 6 octobre lors de la réunion de la délégation unitaire (FO- CGT- FSU) avec les membres du Cabinet de Madame VERSINI, maire-adjoint aux affaires sociales à la mairie de Paris.

Vous trouverez ci-après le compte rendu établi par une des camarades membres de la délégation de l’UDR FO 75.

Nous avons sollicité cette audience sur plusieurs points :

Nous commencerons par évoquer l’augmentation substantielle du reste à charge pour les retraités, pour ce qui concerne le Pass Navigo (Emeraude ou Améthyste), qui soulève un vif mécontentement, de l’indignation et de la colère chez les intéressés.

Nous en tenons pour preuve les retraités de notre entourage, ceux qui nous ont contactés, ceux qui ont signé la carte pétition et ceux rencontrés dans diverses occasions.

Les médias, plus propices à présenter les retraités comme des privilégiés qui ont bénéficié pendant leur vie professionnelle du plein emploi, qui détiennent un patrimoine.... et seraient aujourd’hui de parfaits égoïstes se souciant peu des salariés, des chômeurs et des précaires, nous avons constaté qu’une partie de la presse, des radios et FR3 région ont évoqué cette question à travers différents témoignages.

La contribution financière demandée et considérée comme avantageuse par le Conseil de Paris au regard du coût du transport dans sa totalité, d’un montant en décembre 2014 de 700,7 euros annuel pour les zones 1 et 2, n’a pas la même portée chez les intéressés qui mesurent cette augmentation en fonction de leur pouvoir d’achat, du montant de leur pension et retraite.

Est-il nécessaire de rappeler que ces pensions et retraites sont gelées depuis 3 ans, que les retraites complémentaires et les reversions sont menacées de reculs significatifs, que les femmes qui subissent l’inégalité salariale seraient particulièrement touchées par ces mesures si elles entrent en application.

Lorsque l’on examine le nouveau barème : Seul, les bénéficiaires du minimum social sont exonérés.

Ceux qui paient moins de 380 euros d’impôt voient leur abonnement passer de 40 à 90 euros (+ 50 euros). Les retraités payant entre 380 et 992 euros d’impôt devront débourser 190 euros (+ 150 euros). Entre 992 et 1 600 euros d’impôt, le pass vaudra 360 euros (+ 320 euros). Et même 380 (+ 340 euros) pour les contribuables seniors versant de 1 600 à 2 430 euros d’impôt. Les autres paieront le tarif plein, soit 731,50 euros.

A partir de quel revenu pensez vous que l’on peut vivre décemment à Paris ?

Combien de retraités sont contraints de reprendre un petit boulot sans lequel ils ne pourraient survivre.

Pour étayer mes propos, je ne prendrais qu’un exemple : vivre à Paris avec 1400 euros, lorsque le loyer et charges locatives dans un deux pièces sans chauffage ni eau chaude compris dans les charges, s’élève à 600 euros, que s’ajoutent les taxes locatives, assurances et l’ensemble des dépenses incompressibles, que reste-t-il pour vivre ?

Non les retraités ne font pas la mendicité. N’y aurait-il que les pauvres et les plus pauvres qui puissent prétendre à l’aide sociale.

Cela en dit long sur le caractère que les pouvoirs publics veulent donner à l’aide sociale, qui frôle le devoir de charité !

Et vous signalez qu’en cas de nouvelles augmentations, sera mis en place un dispositif pour que de mêmes modalités soient appliquées pour la répartition de la hausse. Cela laisse entendre que les retraités n’ont pas fini d’être ponctionnés sur leur pouvoir d’achat.

Et lorsque votre argumentation consiste à dire que les retraités de Paris sont privilégiés par rapport à ceux domiciliés en Région Parisienne qui ne bénéficient pas des mêmes dispositions. Nous tenons à vous faire remarquer que les retraités de Paris subissant une très forte augmentation de leur contribution, cela n’améliorera en rien la situation des autres retraités de la Région Parisienne.

Cela conduit à un nivellement par le bas de la prestation sociale en matière de transport. Et ça n’augure rien de bon pour l’avenir.

Autres aspects de cette question : plusieurs retraités non imposables ont été étonnés et ont d’ailleurs cru à une erreur, de devoir payer 90, 180 euros tout en étant non imposable.

Si nous prenons la ligne 14 de l’imposition, nous constatons que cette ligne comporte l’impôt sur les revenus, puis la décote.

Celle-ci est bien prise en compte pour le paiement de l’impôt, mais pas dans l’attribution de l’aide sociale.

Ceci est très discutable et a pour conséquence de toucher les personnes à revenus très modestes, et bien souvent en difficulté de vie. C’est une des raisons qui motive notre demande d une autre réforme de la fiscalité, plus efficace économiquement, et plus juste socialement.

J’en terminerai par le dézonage entré en application, mais les retraités sont exclus de cette mesure. S’ils veulent ou doivent se déplacer en Région Parisienne, ils devront payer encore plus cher, en dehors des fins de semaines.

Il s’agit là d’une discrimination à leur égard. De nombreux retraités devront renoncer au Pass Navigo (Emeraude ou Améthyste), faute de moyens financiers, et malgré la possibilité d’étalement du paiement qui est proposé. Les retraités ne perçoivent plus de primes, de treizième mois qui aide à équilibrer les dépenses.

Cela ne peut que contribuer à l’isolement des retraités, alors que les pouvoirs publics ne cessent de dire qu’ils veulent combattre cet isolement. Leur état de santé, leur moral s’en trouveront forcément atteint. Leur vie sociale compromise. Les retraités ont des activités dans des associations, dans l’aide qu’ils apportent à leurs enfants et petits enfants. Comment se déplaceront-ils pour les assurer de leur présence alors que les familles ont de plus en plus de difficultés a concilier vie au travail et vie privée et lorsqu’ils sont aidants de leurs parents. C’est tout une vie sociale est conviviale qui va s’en trouvée perturbée.

Votre décision semble être de nature purement comptable, l’objectif étant l’équilibre du budget.

Mais il serait fort judicieux de penser à de nouvelles recettes plutôt que de diminuer les prestations. Une participation plus contraignante des entreprises, des magasins en grandes surfaces, des banques, des assurances, de la finance qui bénéficient des services publics de transport, sans y contribuer à la hauteur de leurs moyens. Et l’Etat, dont les subventions ne cessent de diminuer, en 2016 il compte réduire la dotation globale de la Ville de 215 millions d’euros ce qui aboutirait, en seulement deux ans, à une baisse de plus de 400 millions d’euros. C’est inacceptable. D’ailleurs, le 19 septembre, l’ensemble des Mairies était appelé à manifester sur cette question des baisses de subventions.

Pour l’instant, ce sont les retraités que le Conseil de Paris met à contribution.

Nous vous demandons de revenir sur votre décision. Dans le cadre de la préparation du budget 2016, nous continuerons à suivre cette question de très près, en espérant que les organisations représentatives des retraités ne seront pas, encore une fois, mises devant le fait accompli.